Un vent de liberté

Depuis le 9 août la société belarusse est en mouvement de contestation. En effet, des élections présidentielles ont eu lieu le dimanche 9 août, et le président sortant Alexandre Loukachenko (que l’on prononce Loukachenka en belarusse), qui est là depuis 26 ans… a remporté officiellement les élections, à 80% de voix contre son opposante Svitlana Tsykhanovska. Des manifestations ont eu lieu le jour même des élections pour protester contre la falsification des résultats par le régime actuel. Les manifestants à juste titre estiment que c’est Svitlana, qui aurait dû remporter ces élections présidentielles.

Peut-on trouver une similitude de cet évènement avec les deux Maidan qui se sont faits en Ukraine (Révolution Orange en 2004 et Euromaidan en 2013-2014). A mon sens oui, c’est effectivement la société civile, qui comme en Ukraine veut changer politiquement les choses, même si on peut percevoir des différences concernant l’orientation politique. Svitlana Tsykhanovska n’est pas « une professionnelle » de la politique, elle est enseignante, c’est suite à l’arrestation de son mari qui voulait se présenter aux élections présidentielles, qu’elle a pris la décision d’être candidate.

Maintenant, officiellement le mouvement civique impulsé par la société bélarussienne proclame que ce mouvement citoyen n’est dirigé contre aucun pays étranger, il ne revendique pas sa place dans l’Union Européenne, et ne s’aligne pas non plus sur la Russie selon les déclarations de la dirigeante de l’opposition. « Le conflit avec le régime Loukachenko est »une affaire intérieure belarussienne », d’après la candidate de l’opposition, qui remercie tous les gens, et les différends pays qui soutiennent ce mouvement. Concernant la Russie, la candidate lui demande de respecter la souveraineté de la Belarusse.

Qui aurait dit encore récemment, que la Belarusse couvait en son sein des manifestations d’une telle ampleur, le signe avant-coureur c’est que lors des élections présidentielles, Svitlana Tsyhanovska qui avec ses deux colistières Maria Kolesnikova et Veronika Tsepkalo ont su rassembler dans différentes villes des foules considérables, durant leur tournée électorale à travers le pays. Ce pays qui était regardé et considéré comme le modèle du conformisme post-soviétique dont Alexandre Loukachenko en est toujours l’incarnation. La langue belarusse est considérée par le pouvoir actuel comme une langue de seconde zone. Malheureusement, la majorité des belarusses sont russophones, ce qui n’enlève en rien leur patriotisme… D’ailleurs, la manifestation qui s’est déroulée le dimanche 23 août à travers tout le pays, a rassemblé ½ million de personne, ce qui est énorme pour un pays qui compte 9 millions d’habitants. Ces manifestations réunissent différents acteurs sociaux de la société civile, et notamment beaucoup d’ouvriers, qui dans le passé étaient des soutiens de Loukachenko.

L’actuelle principale opposante Svitlana Tsykhanovska s’est réfugiée en Lituanie à Vilnius pour ne pas être arrêtée ou tuée. La Belarusse rappelons-le, qui durant des siècles fut unie avec la Lituanie dans le cadre du Grand- Duché Lituanien. Ce n’est pas par hasard, que les lituaniens ont sur leur drapeau le même chevalier en armure (Vytis en lituanien, Pahonia en belarusse) que celui qui figure sur le drapeau belarusse traditionnel, qui est sur fond blanc blanc avec une bande rouge horizontale. Ce drapeau historique de la Bélarusse est omniprésent dans toutes les manifestations, ce n’est pas celui du régime actuel. Le dimanche 23 août les lituaniens ont fait une chaîne humaine d’une trentaine de kilomètres de Vilnius à la frontière belarusse en signe de solidarité avec pays, qui est si proche historiquement.

L’Union Européenne n’a pas validée les élections présidentielles belarusses, des manifestations de solidarités ont eu lieu dans différents pays de l’Union Européenne. Tous pays démocratiques dignes de ce nom dans le monde n’ont pas reconnu ces élections présidentielles. L’Ukraine pays qui se veut démocratique, partage aussi la position des pays de l’Union Européenne, d’après la déclaration du ministre des affaires étrangères Dmytro Kuleba.

https://www.pravda.com.ua/news/2020/08/28/7264427/

Le régime de Loukachenko est rejeté par les belarusses, il faudrait être aveugle pour ne pas le voir, qu’il se maintient par la force malgré l’opposition du peuple…c’est l’actuelle solution pour Loukachenko avec l’appui de la Russie actuelle … c’est une situation qui ne pourra pas durer. La véritable solution serait pour l’actuel président belarusse Alexandre Loukachenko, de libérer tous les prisonniers politiques, et de refaire les élections présidentielles avec la présence des observateurs de l’OSCE, comme cela s’est passé aux élections présidentielles en décembre 2004 en Ukraine.

En effet, grâce à la société civile ukrainienne qui a fait le Maidan en 2004, un troisième tour a eu lieu, suite à la victoire contestée de Victor Ianoukovitch sur Victor Iouchtchenko. Les réélections sont pour le régime belarusse, la seule possibilité de pouvoir résoudre pacifiquement cette crise, mais Alexandre Loukachenko a t-il la volonté et le courage de le faire…? Vu la tournure des événements, qui se traduisent par une répression des opposants, on peut en douter sérieusement.