Le devoir de mémoire.

Une amie arménienne Aldona, avec juste raison m’a rappelée que 2015, c’est le centenaire du génocide commis par la Turquie contre les arméniens en 1915. La date symbolique, c’est le 24 avril 1915 où les premiers pogromes contre les arméniens commencèrent à Istanbul par l’armée turque. Environ 1 million cinq cent mille personnes y perdirent leur vie sur les deux millions arméniens que comptait l’Empire Ottoman avant 1914.

Les pauvres arméniens n’ont pas eu de chance avec l’Histoire, ils ont connu l’horreur des massacres. C’est important non seulement pour le peuple concerné, mais pour la communauté mondiale. Dans l’histoire de l’Humanité, seul un génocide fut reconnu par un état agresseur : l’Allemagne, qui elle fut vaincue lors de la seconde guerre mondiale, il s’agit de la Shoah contre les juifs. La Turquie qui veut adhérer à l’Union Européenne, n’a toujours pas eu le courage de reconnaitre sa responsabilité face aux arméniens. Que dire pour l’Ukraine… le terme Holodomor (« meurtre par la faim », car les personnes sont privées de nourriture) fut tabou jusqu’à la Perestroika, et dont l’état russe refuse toujours de reconnaître sa responsabilité, lui, qui se prévaut officiellement comme le successeur de l’URSS.

Certes il ne s’agit pas là de vengeance ni contre les allemands, russes et turcs, mais celui de la mémoire, à savoir, que de tels actes ne doivent plus se répéter. Le devoir de mémoire, doit faire le deuil de tous ces génocides. Ce serait bien qu’ à cette occasion, une institution telle que l’Union Européenne face une journée consacrée » au devoir de mémoire », elle concernerait les différents génocides qui ont malheureusement entachés l’histoire du monde. Certains pourraient se demander mais quels sont les critères pour définir la notion de génocide ?

Les critères retenus sont ceux d’un juriste du nom de Raphael Lemkin. Raphael Lemkin était un juriste polonais né à Bezwodne le 24 juin 1900 et décédé à New-York le 28 aout 1959. Etant d’origine juive, il a été contraint de se réfugier aux Etats-Unis lors des persécutions des nazies. Il a forgé le terme de génocide en 1943. Etymologiquement ce mot vient du grecque « genos » qui signifie lignée, famille, clan, groupe, race et du latin caedere signifiant tuer. La première fois que ce mot fut utilisé, ce fut lors du jugement de Nuremberg, et il fut adopté par l’assemblée des Nations-Unies le 9 décembre 1948. Raphael Lemkin considérait à juste titre que les trois peuples, à savoir les juifs, les arméniens, et les ukrainiens furent victimes du génocide. La commémoration par les arméniens de la tragédie de 1915 donne une bonne occasion de se le rappeler.