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Helsinki

par Bogdan Mytrowytch

Helsinki

Il y a quarante ans dans la capitale finlandaise, des pays de l’Europe appartenant à deux blocs opposés, à savoir ceux de l’OTAN et ceux du Pacte de Varsovie, ont signé des accords le 1 août après deux ans d’intenses négociations qui se sont déroulées entre 1973 et 1975. Trois points furent essentiellement discutés que l’on nomma « des corbeilles » à savoir « l’Inviolabilité des frontières européennes », « Coopération européenne entre bloc communiste et bloc capitaliste », »Respect des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales ». Ces accords prévoyaient la régulation des rapports entre les deux blocs, tant bien au niveau économique, social, financier et…humain. Ils se résument en une déclaration de dix points, dont le septième est consacré aux respects des droits de l’Homme et aux Libertés fondamentales. Trente-cinq pays le signent y compris la Russie plus les Etats-Unis et le Canada. Ils donneront naissance aux organisations tels que le CSCE (Conférence sur la Sécurité et Coopération en Europe), qui deviendra l’OSCE par la suite (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe).

C’est le septième point de la déclaration des accords d'Helsinki, à savoir "Respect des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales" qui va inspirer les groupes d’opposants dans les républiques de l’URSS. Les « Groupes pour l’Application des Accords d’Helsinki » vont se créer, le premier va être à Moscou le 12 mai 1976 en Russie, d’autres groupes similaires suivront dans le courant de cette année en Ukraine, en Lituanie, en Géorgie et en Arménie… Ce sont avant tout des personnes venant surtout de l’intelligentsia, la plupart sont déjà des opposants déclarés au régime qui ont passées des années de détentions dans le Goulag. Ces groupes sont appelés en ukrainien « Pravozakhysni Hrupy », ce qui signifie groupe se battant pour la défense des droits de l’homme. Dans les républiques non russes tel que l’Ukraine et la Lituanie leur combat prend une signification particulière. En effet, les mouvements s’opposant au régime soviétique tel que l’UPA (Armée de résistance ukrainienne) et le « Frères de la Forêt » en Lituanie combattaient dans les années quarante et cinquante par les armes le régime soviétique, considéré comme force d’occupation dans ces pays. La démarche ici est complétement différente, les groupes d’Helsinki ont pour but de faire respecter les droits de l’homme, sur lequel, l’état soviétique s’est engagé en signant les fameux accords en 1975. Donc par définition son action est parfaitement légaliste, ce qui a provoqué un certain débat dans les diasporas de ces deux pays respectifs, mais qui majoritairement « épousèrent » le combat des groupes Helsinki. En effet, certains groupes politiques émigrés estimaient illusoire ce genre de combat, jugeant que cette forme de lutte légaliste conduisait à une impasse politique, et même, à une certaine collaboration politique avec l’occupant soviétique.

Néanmoins la suite a donné raison aux groupes Helsinki. En effet, malgré les répressions et les déportations, le régime soviétique a été ébranlé. Il sera obligé de réformer son empire, en faisant la Perestroika pour le maintenir, mais cela donnera le résultat contraire que l’on sait : le démembrement de l’empire soviétique…D’autres organisations se sont inspirés des groupes Helsinki à l’étranger, tel que la Charte 77 en Tchécoslovaquie, et Helsinki Watch aux Etats-Unis.

A l’occasion du vingt- quatrième anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine, le sujet des accords d’Helsinki nous interpellent. En effet, l’inviolabilité des frontières européennes au lendemain de la seconde guerre mondiale, ont été bafoué par la Russie avec l’occupation de la Crimée, et une partie du Donbass. La coopération européenne entravée par cette agression, et enfin les droits de l’homme qui sont constamment violés dans ce pays, le situant ainsi en peloton de tête de la liste des pays de notre continent ne les respectant pas.

Une nouvelle conférence semblable à celle qui s’est déroulée il y a quarante ans à Helsinki est indispensable, afin de prévenir ce risque horrible qui est la guerre. Combattre tout ce qui est nuisible à la liberté dans notre continent européen est prioritaire pour consolider la paix.

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