La destruction du « Mistetchko »

La destruction du « Mistetchko »

Le samedi 3 mars, le matin à Kyiv dans un environnement enneigé, la police et les fonctionnaires de la garde nationale investissent sous l’ordre d’une décision de justice, le camp des manifestants que l’on nomme «Mistetchko»(la petite ville ), qui se trouvent depuis plusieurs mois devant le parlement ukrainien, depuis le 17 octobre exactement . Toutes les personnes qui s’y trouvaient furent délogées, les tentes et les barricades y furent toutes démontées.

Que s’est-il passé exactement ? Pour les uns, c’est l’exécution d’une décision de justice et le rétablissement de l’ordre, pour les autres, ce sont les droits de protester qui ont été remis brutalement en cause. On peut se poser la question si tout ce qui s’est passé dans « les Normes du Droit ». En effet, en voyant les photos ou un certain nombre de personnes, qui sont sur les genoux avec les mains sur la tête et dont certains sont blessés… entourées par les troupes anti-émeutes, et des ambulances de secours. C’est une interrogation qui parait fort légitime.

Les manifestants qui sont là depuis des mois,ils protestaient devant le parlement pour que celui-ci adopte les lois concernant la création des tribunaux anti-corruption, le système de vote au scrutin proportionnel, et la levée de la protection parlementaire concernant les députés qui se sont rendus coupables de corruption.

Ces manifestants constituaient un groupe très hétérogène, il y avait des personnes de différentes générations, des anciens du bataillon Donbass, des personnes sans emplois, des retraités venant de toutes les régions d’Ukraine. Le retour de Mikeil Saakachvili de Pologne le 11 septembre en Ukraine a galvanisé les manifestants, et c’est suite à des manifestations que « le Mistetchko » est né. De même, des députés de Samopomitch, tels que Semen Sementchenko qui est un ancien volontaire du Donbass, et Egor Soboliev, qui fut président de la commission anti-corruption au parlement ukrainien (avant d’être démis car en fait il faisait un travail effectif contre les corrupteurs de tous poils) ont animé constamment les actions des manifestants

Personnellement, ce qui m’a touché c’est la façon dont s’est faite cette évacuation, qui s’est soldée par 13 manifestants blessés dont (deux blessés graves) et sept membres des forces de l’ordre et par plus d’une centaine d’interpellation (111 personnes). Six cents agents des forces de l’ordre ont participé à « cette opération de nettoyage » selon les autorités, et 2000 selon les manifestants. Même si la situation n’est pas simple, on peut se demander pourquoi c’est maintenant que cette opération a eu lieu, et si elle ne sert pas les ennemis de l’Ukraine…Surtout que les manifestants prévoyaient eux-mêmes de démonter ce camp.

De même, après la révolution du Euromaidan de 2014, il aurait été normal que à Kyiv une place spécifique fut réservée aux différentes manifestations, comme c’est le cas notamment à Londres avec le Hyde Park. Malheureusement ce n’a pas été le cas, la demande des différentes ONG liées à Euromaidan aux autorités de Kyiv, c’est soldée par un échec, même si la Mairie de Kyiv, avait promis d’étudier la question.

Les organisations des droits de l’homme, et la chargée des droits de l’homme madame Liutkovska,se sont saisis de cette situation pour mener leur propre enquête suite à ce tragique événement. En espérant, que toute transparence et lumière sera faite sur cette affaire, qui montre encore une fois les failles du pouvoir actuel en Ukraine, à savoir le respect de la démocratie et de la liberté dans les normes européennes, et cela, malgré les deux révolutions que furent la Révolution Orange et l’Euromaidan, mais qui force de constater, n’ont pas réussi à vaincre le « soviétisme » qui sévit toujours en Ukraine.