La lustration

Une conférence présentée par Galia Ackerman, secrétaire générale « du Forum Européen pour l’Ukraine « et Volodymyr Posselsky, président de « l’Ukraine dans l’Europe », qui s’est tenue à l'INALCO le premier octobre, elle était intitulé « YES or NO à Kyiv». Nos conférenciers ont présenté les rapports de l’Ukraine avec l’Union Européenne et de l’enjeu de son partenariat européen face à la Russie. « Le clou » de cette conférence, ce fut l’intervention remarquée d’Iryna Dmytrychyn, responsable de la chaire d’ukrainien de l’INALCO sur la lustration. En effet, un désaccord s’est fait dans la discussion entre les intervenants sur ce projet. D'un côté, Iryna et Volodymyr sont pour l’application de cette mesure, ils la jugent indispensable pour la société ukrainienne, et de l’autre Galia, qui est réservée sur son utilité dans la situation actuelle de l'Ukraine. Cela a provoqué un réveil de passions au sein de l’assistance, cette discussion a enflammé la salle au point que beaucoup de personnes sont restés encore longtemps après la fin de la conférence… Si dans une université parisienne à savoir l’INALCO, un tel sujet provoque un débat aussi passionné… en Ukraine cela risque d’être explosif… En effet, la procédure de la « lustration » fut utilisé dans les pays de l’Europe de l’ l’Est qui se sont affranchis de leur passé communiste, tels la Pologne, la république Tchèque et les Pays Balte, où elle s’est relativement bien passée, par contre, dans des pays comme la Roumanie et la Bulgarie, elle a été instrumentalisée à des fins partisanes. Tous ces pays cités font partie maintenant de l’Union Européenne, lors de leur adhésion ce fut pour eux un » passage obligé de passer par ce nettoyage », notamment dans l’appareil administratif, afin d’écarter de la fonction publique des personnes ayant participées a des persécutions contre leurs citoyens, ou aux pillages de leur pays à des fins personnelles . A son tour l’Ukraine, qui vient de signer le partenariat avec l’Union Européenne, va enfin pouvoir transformer sa société post-soviétique en société européenne, pour cela elle doit faire « ce ménage » nommé la lustration. Une commission « ad - hoc » dont le rapporteur est Egor Soboliev, un des activistes de la révolution Euromaidan, a déposé un projet auprès du parlement ukrainien. Il s’est fait déjà critiqué par un responsable du gouvernement Porochenko, monsieur Yarema, qui l’a jugé certains de ses points comme liberticides. De même en ce moment, ce projet passe en examen auprès de la « Commission de Venise », chargé par l’Union Européenne de vérifier la conformité juridique aux normes européennes, et après il sera soumis au vote du parlement. Le fond du débat qui agite l’Ukraine, c’est de savoir s’il est opportun ou non d’organiser en pleine période de guerre avec la Russie cette procédure. N’y a t- il pas un risque de provoquer une fracture au sein de la société ukrainienne ? De plus, on assiste en ce moment, à des agressions physiques contre certains députés, qui sont accusés à tort ou à raison, d’avoir participé à la répression avec le pouvoir précédent du dictateur Yanoukovitch. Effectivement, cette lustration mérite un examen minutieux et sérieux pour ne pas être une nouvelle source de conflit au sein de la société ukrainienne .Autant il est compréhensible que justice doit être faite à l’encontre des personnes coupables d’exactions criminelles envers les opposant politiques, autant la procédure de la lustration qui consiste à convoquer les responsables des différents services administratifs pour vérifier leur passé, fait débat aujourd’hui dans la société ukrainienne. Souhaitons à l’Ukraine d’être renforcé après cette épreuve, et non affaiblie car « le méchant loup », qui est Poutine, cherche par tous les moyens de la déstabiliser, et comme chacun le sait, en Russie jusqu’à présent, il n’y a pas encore eu de lustration…