De l’émigration à la diaspora ukrainienne

« Je suis membre de la diaspora ukrainienne », c’est comme cela que beaucoup d’entre nous se définissons par rapport à notre pays d’origine, l’Ukraine. En effet, les ukrainiens en France et ceux qui sont d’origines ukrainiennes ne sont pas tellement nombreux en France, mais c’est une communauté qui est bien implantée. Le chiffre avancé maintenant est aux alentours de de 50 000 personnes. Outre, les premiers ukrainiens célèbres tel que Anne de Kyiv épouse du roi Henri premier, et Gregoire Orlyk, diplomate de Louis XV ; l’émigration ukrainienne en France a vraiment commencé vers le début du vingtième siècle avec la venue d’artistes célèbres, tel que le sculpteur Alexandre Archipenko, et puis ce fut des vagues successives. Une émigration politique après la perte de l’indépendance en 1920, dont Simon Petlura, président du directoire ukrainien, assassiné à Paris en 1926. Une émigration essentiellement économique de l’Ukraine de l’Ouest sous occupation polonaise dans les années trente, et de nouveau une émigration politique après la seconde guerre mondiale. Après ce bref résumé, on peut le constater que depuis l’indépendance de l’Ukraine en 1991, l’émigration est essentiellement économique, et il y a aussi des étudiants ukrainiens qui sont de plus en plus nombreux, mais dans les deux cas, seul une minorité reste définitivement en France. Il existe beaucoup d’associations, comme des organisations traditionnelles de la communauté ukrainienne, tel que Le Comité Représentatif Central Ukrainien en France (CRCUF), la bibliothèque ukrainienne Simon Petlura, l’Institut Scientifique Chevtchenko, et aussi des nouvelles associations, tel que Ukraine Action, Perspectives Ukrainiennes, l’association Aide Médicale et Caritative France- Ukraine, et d’autres nombreuses associations en France. Beaucoup de personnes qui sont dans ces associations traditionnelles sont nées en France, et font certes partie de la diaspora ukrainienne , mais ce ne sont plus des ressortissants ukrainiens, ce sont bien des personnes françaises d’origine ukrainienne… Le problème qui va se poser, c’est que d’un côté on a les ressortissants d’Ukraine, qui sont essentiellement ukrainiens dans les nouvelles associations, et de l’autre, des personnes françaises d’origine ukrainienne, qui sont dans les organisations traditionnelles issues encore de l’après seconde guerre mondiale… Le même problème se pose pour les personnes dans les communautés issues des pays de l’Est, aussi bien en France, que dans les autres pays du monde. Faire coexister dans la diaspora des personnes qui se sentent liées par la même communauté de destin, mais qui n’on pas le même parcours, ce qui n’est pas si simple. Les associations ukrainiennes qui en grandes parties sont héritières d’organisations ukrainiennes issues de la seconde guerre mondiale, sauront elles relever ce défi, et s’adapter à l’exemple de la diaspora lituanienne et géorgienne, qui elles, ont su vraiment fédérer les anciennes structures avec les nouvelles, tel est l’enjeu du défi qui se pose, et va se poser à la diaspora ukrainienne ici. Souhaitons leurs un succès dans l’accomplissement de cette tâche fortement délicate, il en va de l’avenir de la communauté ukrainienne en France.