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Le mur

par Bogdan Mytrowytch

publié dans Politique

                                                                             Le  mur

 

 

Ce dimanche 30 septembre s’est déroulée à Paris, sur le Parvis des Droits de l’Homme à Trocadéro une manifestation pour la libération du journaliste ukrainien Roman Soutchenko. Lors d’une parodie de procès dont on a l’habitude en Russie, il a été condamné injustement pour espionnage au profit de l’Etat ukrainien, à 12 ans de camp à régime sévère le 4 juin 2018. Roman Soutchenko était correspondant à Paris pour une agence d’information ukrainienne, c’est en allant voir ses proches à Moscou, qu’il fut arrêté le 30 septembre 2016.

 

La manifestation organisée par l’Union des Ukrainiens de France, ce fut l’occasion aussi de réclamer la libération de tous les prisonniers ukrainiens en Russie, dont Oleg Sentsov en est le symbole. Cet événement me conduit de vous faire part des réflexions suivantes, que j’ai eu pendant et après cette manifestation.

 

Certes, beaucoup de manifestations se sont déroulées pour les emprisonnés ukrainiens, mais depuis un certain temps on peut remarquer que des amis français de l’Ukraine prennent part aussi à ces manifestations. On ne peut, ne pas évoquer l’action remarquable organisée par l’Association les Nouveaux Dissidents » pour la libération d’Oleg. Chaque jour, devant l’ambassade de Russe à Paris, une personne, souvent des cinéastes, des acteurs (car Oleg est cinéaste), mais aussi d’autres, comme l’Ambassadeur de Droits de l’Homme, des dissidents de différentes nationalités, des personnes issues de différentes associations, observent un jeune de solidarité avec Oleg, et cela depuis le 14 septembre. Rappelons, qu’Oleg poursuit une grève de la faim dans sa prison sibérienne pour la libération de tous les prisonniers politiques ukrainiens depuis le 14 mai !

 

Où je veux en venir, c’est que » ce mur » qui sépare des peuples, des communautés est en train de s’effriter… Avec juste raison, dans les réseaux sociaux, une amie faisait remarquer récemment, que chacun en nous on a « Un mur dans la tête»… En faisant un parallèle avec celui qui a existé à Berlin, et qui malgré « sa disparition physique » en 1989, existe comme elle l’a écrite fort justement encore dans la tête des gens… On pense "que ce mur" nous protège « des autres », mais en fait il nous cloisonne, et nous enferme dans nos préjugés à priori…Ce qui est significatif, c’est de voir une réelle solidarité, et cela malgré « nos murs respectifs ». Ainsi, pouvoir établir des relations avec « les autres, qui ne sont pas comme nous » marque un progrès dans les relations entre individus, et aussi entre les peuples, il évite un repli sur soi.

 

 

C’est donc avec plaisir, que l’on a pu constater que ce dimanche 30 septembre, que des personnes de différentes nationalités se trouvaient parmi les manifestants, telles le dissident Victor Fainberg (qui lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968, a eu le courage de manifester sur la Place Rouge à Moscou avec six autres personnes avant d’être arrêté), un dissident kazakh, des tatares de Crimée, une dissidente ouzbek. Enfin, des démocrates chinois, qui eux manifestaient au même moment que nous, dans un autre endroit du Parvis des Droits de l’Homme, ils sont venus nous rejoindre, pour exprimer leur solidarité. On n'oublie pas un invité venu d'Ukraine, Vassyl Hatsko du parti Demalliance.

 

Certes, pour certains, ces considérations peuvent paraître bien idéalistes…Mais dans la vie il faut toujours espérer, et ne pas se renfermer dans un cynisme, qui conduit bien des gens à la déprime et au fatalisme. Par conséquent, à se réfugier dans leur » tour d’ivoire » en se construisant « des murs » dans leurs têtes.

 

Le fait de manifester pour la libération de Roman Soutchenko, et pour la libération de tous les prisonniers politiques ukrainiens en Russie ce dimanche 30 septembre, prouvent que nous croyons, dans cette cause. Ceux qui «nous rient au nez » maintenant, ce sont les mêmes, qui autrefois se moquaient ici à Paris, pendant l’époque soviétique, lorsqu'on manifestait pour l’Ukraine indépendante. Oui, il faut «casser ce mur de cynisme» qui est essentiellement psychologique, et peut paraitre abstrait à première vue, mais qui nous rend indifférents, fatalistes, et dont les conséquences pratiques sont néfastes… comme celle de ne pas venir soutenir par exemple, une manifestation pour la libération des prisonniers politiques.

 

 

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