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Le premier décembre

par Bogdan Mytrowytch

publié dans Politique

J’ai regardé l’émission ukrainienne de « Schuster Live » sur internet consacrée au référendum du premier décembre. » En toile de fond », le vingt-quatrième anniversaire de la proclamation de l’indépendance de l’Ukraine en 1991.

Cette proclamation fut faite le 24 août, suite au putsch raté de Moscou par les nostalgiques du régime soviétique quelques jours plutôt. Un référendum en Ukraine fut organisé sur cette question le premier décembre, à laquelle 91 % des ukrainiens donnèrent une réponse positive. Trois des quatre invités retinrent mon attention dans cette émission, Léonide Kravtchouk, premier président de l’Ukraine, Oles Donij, député non apparenté au parlement ukrainien, et Mustafa Nayem, député au parlement, membre du Bloc Porochenko. Ce qui fut intéressant, c’est de voir l’animateur de l’émission dialoguer avec ces personnes qui représentent en fait trois générations d’ukrainiens, issues de trajectoires politiques différentes.

Trois expériences différentes avec des cheminements particuliers mais ayant pour objectif la consolidation de l’indépendance de l’Ukraine. Au moment de la proclamation Mustafa était un enfant, Oles Donyj, était un leader étudiant et Léonid Kravtchouk, le dernier responsable du présidium du conseil suprême du soviet d’Ukraine. Oles et Léonid, qui étaient des deux côtés de la barricade lors des manifestations étudiantes contre le pouvoir de Vitalyj Massol, premier ministre, avant l’indépendance de l’Ukraine. Ils furent réunis par les événements entrainant l’indépendance de l’Ukraine en 1991. Oles, rendit dans l’émission un vibrant hommage aux dissidents nommés chestdesyatnyky, qui « allèrent au Golghota sciemment en se faisant arrêter par les autorités » que leur firent subirent les autorités soviétiques. Précisons aux jeune lecteurs, que cela se passaient durant les années soixante et soixante-dix. Le parti communiste ukrainien filiale du PCUS, étaient un des plus stalinien de l’Union Soviétique avec Petro Chelest d’abord, mais écarté par la suite pour avoir manifesté une certaine tolérance concernant le nationalisme ukrainien, et surtout l’horrible Volodymyr Cherbitsky à sa tête, un protégé de Brejnev, qui s’est illustré dans la répression terrible du mouvement dissident ukrainien dans les années soixante-dix. Après ces années de plombs, héritage encombrant, Léonid Kravtchouk…lors d’une perestroika timide pour l’Ukraine, parviendra seulement en 90, à prendre le pouvoir. Il conduira le pays à la déclaration d’indépendance le 24 août avec l’idée de proposer un référendum après cette déclaration, c’est seulement après le référendum, que les pays commencèrent à reconnaitre l’indépendance de l’Ukraine. Deux mois après, plus de cinquante états du monde avait déjà reconnu l’indépendance de l’Ukraine. Passons à la troisième personne, Mustafa Nayem était un journaliste indépendant, qui a travaillé dans différents journaux notamment dans « Ukrainska Pravda », il n’avait pas « sa langue dans la poche » en écrivant les articles. Il fut l’un des premiers, a appelé d’aller sur la place du Maidan à Kyiv le 21 octobre 2013, pour manifester sa réprobation contre la menace alors, de non-signature du traité du partenariat européen par Victor Yanoukovitch lors du sommet de Vilnius.

Sur la situation actuelle, les trois personnes ont des avis tranchés, Léonide Kravtchouk est confiant, il anime maintenant une association « pour l’Ukraine à l’OTAN », et par là tient à manifester sa confiance dans l’avenir, en constatant que la majorité de la population adhère en majorité à l’adhésion de l’ Ukraine à cette organisation, alors que dans le passé pas si lointain ce n’était pas le cas, il pense que ce sera le même cas pour toutes les questions sociétales que connait l’Ukraine

Oles Donij, pense que l’essentielle reste à faire d’où son ONG » Pour la préservation des valeurs en Ukraine », car malheureusement la révolution orange de 2004 et la révolution du Maidan de 2013 n’ont pas abouti à un changement réel du pouvoir politique, qui reste aux mains des oligarques.

Mustafa Nayem, qui avec d’autres journalistes comme Serhij Letchenko, combattirent impitoyablement la corruption sous la dictature Yanoukovitch, pensent que l’on peut faire évoluer les choses. Notamment avec quatorze députés du bloc Porochenko, ils sont de la société civile, et qui sont presque tous de la jeune génération, ils viennent de créér un groupe « la plate-forme anti-corruption » dont il est le porte-parole, il a reçu le soutien de l’actuel président de l' Ukraine Petro Porochenko,. Le parti Bloc Porochenko compte qui plus d’une centaine de députés au parlement, fait « la fine bouche »pour adhérer…

En tout cas, ce fut pour moi, personne vivant en France, une agréable surprise de voir ces trois personnes, "clés du passé récent" de l’Ukraine, continuer de jouer un rôle important dans la consolidation de l’Ukraine actuelle , tant au niveau interne que externe, car quel que soient leurs convictions politiques, se sont avant tout des patriotes ukrainiens, qui méritent toute notre considération.

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