"La révolution de velours" ne fait que commencer...

"La révolution de velours" ne fait que commencer...

Le 23 Avril, suite aux manifestations qui se sont déroulées depuis 11 jours à Erevan, capitale de l’Arménie, le premier ministre Serge Sarkissian a présenté sa démission au président Armen Sarkissian qui porte le même nom (même si ce n’est pas une personne de sa famille). Ce qui est remarquable, ce qu’il a reconnu sa faute dans la mauvaise gestion du pouvoir, face aux opposants, contrairement à Yanoukovitch en Ukraine.

La corruption, les conditions de vie sociale misérable pendant sa présidence, n’ont fait que renforcer l’opposition à ce régime qui aboutira à cette démission. Provisoirement, c’est le vice premier ministre Karen Karapentian, qui va le remplacer . Cette « révolution de velours» aboutissant au départ du premier ministre arménien, s’est faite 1 jour avant le 24 avril. Chaque arménien commémore le 24 avril 1915, qui marque le début du génocide des arméniens par l’occupant turque, qui fit 1million 500 victimes !

Les manifestations ont rassemblé jusqu’à 100 000 manifestants. Sur un pays qui compte plus de 3 millions d’habitants c’est considérable. La contestation n’est guidée « ni par les intérêts des Etats-Unis, ni par ceux de l’Union européenne, ni par ceux de la Russie » et concluant à la fin « Ce n’est pas une révolution de couleur, mais plutôt de velours ». Tel est le message du leader de l’opposition Nikol Pachinian, l’un des trois députés, qui fut arrêtés lors de la manifestation du 22 avril, et dans lequel se reconnaissent beaucoup d’Arméniens. Malgré ces paroles pour ne pas effrayer le grand ours russe, ce fut un véritable rassemblement citoyen, similaire à celui de « l’Euromaidan » de l’Ukraine, de « la Révolution des Roses » en Géorgie, ou toutes les composantes sociales de la société étaient représentées pour renverser un pouvoir corrompu.

L’ex- premier ministre promu récemment le 17 avril, qui était avant président… a joué « un scenario à la Poutine » car étant deux fois président, il ne pouvait plus l’être selon la constitution arménienne. Président pendant dix ans, de 2008 à 2018, Serge Sarkissian a souvent été accusé de plagier le Kremlin, en transférant les pleins pouvoirs de la présidence au poste de premier ministre, contournant ainsi la limite de deux mandats présidentiels fixée par la Constitution arménienne, un peu comme en Russie, lorsque Vladimir Poutine avait échangé les rôles avec son premier ministre Dmitri Medvedev…
Peut-on autant dire que le pouvoir va s’orienter vers l’Union Européenne, même si cet événement, a été salué par l’ex président géorgien Mikeil Saakachvili, et par l’opposant russe Alexei Navalny, rien ne montre jusqu’à présent que la politique étrangère, qui était jusqu’à présent pro-russe, va être modifié…

De plus, il faut se rendre compte « géopolitiquement parlant » que l’Arménie, ce petit pays (29 743km2) est pris en étau entre deux pays voisins hostiles. Elle a un grand contentieux avec la Turquie qui est son voisin à l’Ouest, et avec lequel, elle n’a toujours pas de relation diplomatique jusqu’à maintenant. La Turquie n’a toujours pas reconnu le génocide arménien, et une situation de quasi-guerre avec l’Azerbaidjan, qui se trouve dans la partie Est, et qui revendique une région qui s’appelle le Nagorny-Karabagh…Les relations sont normales avec la Géorgie au nord et l'Iran au sud du pays. La Russie, qu n'a pas de frontière commune avec l'Arménie, fait figure de grand protecteur, et de moindre mal aux yeux de beaucoup arméniens, face au Turcs et aux Azéris.C’est ce qui fait la différence avec des pays comme la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine, qui ont comme menace principale, justement la Russie, la situation géopolitique n’est pas là-même !

Si les intérêts de la Russie avaient réellement été menacés, elle serait déjà intervenue, elle a juste déclarée là que "c'est une affaire interne à l'Arménie". En effet, il existe plusieurs bases militaires russes en Arménie, à ce niveau- là, ce pays ressemble plus à la Belarus qui possède aussi des bases militaires russes. Ces deux pays tout en présentant leurs candidatures pour le partenariat oriental européen, ont par la suite "décidé" de rester avec Moscou. Ils sont membres de l'Union Douanière, regroupant aussi les pays ex- républiques soviétiques de l’Asie centrale pour essayer de contrebalancer l’Union Européenne.

C’est pour cela,que les pays de l’Union Européenne comme les Etats-Unis, plus l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie sont restés bien prudent par rapport aux événements d’Arménie. Certes,les Etats-Unis et l’Union Européenne ont« exprimé leurs inquiétudes », lors de l’arrestation des trois députés, et des deux cent manifestants le 22 avril... avant qu'ils soient relâchés le jour suivant, précédant la démission du premier ministre …mais ils se sont gardés de tout soutien envers ce mouvement citoyen, qui continue de se manifester.Les manifestants exigent maintenant des élections parlementaires anticipées après avoir obtenu la démission du premier ministre, "la révolution de velours" ne fait que commencer...