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OFPRA-UKRAINE

par Bogdan Mytrowytch

publié dans histoire

                                                                  ALEXANDRE      CHOULGUINE                   

                                                                          

                                                                  

                                                                                        

 

 

Ce petit article, est un témoignage sur un établissement  dans lequel j’ai longtemps travaillé, en vous remerciant par avance de votre compréhension pour certains oublis ou inexactitudes  …

 

 J’ai commencé à travailler à l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides) comme vacataire, c’était en juillet 1983, puis par la suite, je suis devenu agent à part entière. Une amie ukrainienne de ma famille, madame Vira Dratwinska m’y a proposé d’y travailler, à l’époque. L’OFPRA était situé à Aubervilliers dans une grande tour qui s’appelait « Pariferic ». Lorsque je suis arrivé, le service ukrainien lui était dans les archives de l’OFPRA. C’est là que j’ai su que l’Office était une institution qui était sous tutelle du ministère des affaires étrangères, aujourd’hui, elle est sous la tutelle du  ministère de l’intérieur. L’Office avait et a toujours aujourd’hui pour but de s’occuper des personnes qui fuient leurs pays car elles sont persécutées. Lors de leurs arrivé en France, ils contactaient cette administration pour obtenir le statut de Réfugié Politique ou celui d’Apatride, ils recevaient le récépissé de l’OFPRA, comme quoi leur demande était bien enregistré, et allaient ensuite voir la préfecture. Pour que la préfecture leur délivre une Autorisation Provisoire de Séjour (A.P.S.) en attendant la décision de l’OFPRA concernant l’obtention du statut de réfugié.

 

Le monde des travailleurs de l’OFPRA était particulier lorsque je suis arrivé, il était composé de personnes qui y étaient des réfugiés comme madame Vira Dratwinska, qui fut une réfugiée ukrainienne, et des fils ou des filles de réfugiés (ce qui est mon cas) ou des personnes, qui auparavant ont travaillés dans les associations s’occupant des refugiés ou demandeurs d’asiles, tels que « France Terre d’Asile » et « La CIMADE ». Une certaine chaleur y régnait entre toutes ces personnes, elles se sont retrouvées ensemble pour aider des gens qui étaient dans la détresse. C’est cette atmosphère que j’ai connu, lorsque j’ai travaillé à l’OFPRA au début juillet 1983, et qui avec le temps, a beaucoup évoluée jusqu’ en décembre 2005. Maintenant, il est inconcevable de voir des réfugiés travailler au sein de cette institution... Mais d’abord un point historique pour bien comprendre l’existence d’un service ukrainien dans cet office qui est le sujet de notre article.

Avant la création de l’OFPRA, le service ukrainien n’existait pas, les ukrainiens qui sont arrivés entre les deux guerres mondiales en France avant 1952, avaient un document pour le séjour « le passeport Nansen » qui précisait leur statut de réfugié ou d’apatride. C’est à l’initiative de ce diplomate norvégien Fridtjof Nansen qui en rapport avec la Société Des Nations (S.D.N.), l’ancêtre de l’Organisation de Nations-Unies (l’ONU), chargé de la mission d’accueil des réfugiés. Les personnes qui venaient d’Ukraine, étaient enregistrées comme « réfugiés russes » ou « réfugiés polonais » car l’Ukraine n’avait pas le statut d’Etat indépendant, ceux qui ne voulaient pas le faire, avait la possibilité de s’enregistrer comme « apatride » (ce qui signifie « ne possédant pas de patrie »). Beaucoup de personnes  appartenant à l’émigration politique ukrainienne, ont donc choisi d’être « apatride » car ne voulant pas être considérée comme « russe » ou « polonais » … l’Ukraine étant sous l’occupation de ces deux pays.

l’ OFPRA, qui a été créé en 1952, les agents  furent d’abord celle des anciens diplomates de pays étrangers. Celui qui a inauguré le service ukrainien (« la section ukrainienne ») à l’OFPRA fut d’Alexandre Choulguine, ancien ministre des affaires étrangère de la république ukrainienne dont l’indépendance fut éphémère (1918-1921)… Le service ukrainien par la suite comme les autres services géographiques ont eu des personnes ayant un rang plus modeste. Revenons à la décision de l’OFPRA de créer un service ukrainien distinct de celui concernant la Russie et l’Union Soviétique, ce mérite en revient à Alexandre Choulguine, qui a « inspiré » cette décision. En effet, l’Ukraine, a été un des Etats fondateurs de l’ONU, lors de sa création à San Francisco en octobre 1945, marquant ainsi la fin de la seconde guerre mondiale. C’est à l’initiative de l’ONU que fut créé le Haut-Commissariat aux Réfugiés (H.C.R.).  L’OFPRA étant lié au HCR par la Convention de Genève, a intégré s’appuyant sur ces faits, l’existence d’un service ukrainien distinct en son sein. C’est la conséquence, de l’existence formelle de l’Etat ukrainien au sens juridique du terme à l’ONU. Différentes personnes ont travaillé dans le service ukrainien après le départ d’Alexandre Choulguine, qui a dû prendre sa retraite, mais ce service appelé « section ukrainienne » a perduré jusqu’au départ de madame Vira Dratwinska à la retraite en 1983.  Malgré tous les changements structurels que l’Office a connu, le statut des personnes en tant que « réfugié ukrainien », restera valable pour les personnes qui l’ont obtenu, même après la disparition du service ukrainien…

 

 Je reste reconnaissant à madame Vira Dratwinska, c’est grâce à elle, que j’ai pu travailler dans cette illustre institution, de même, ma reconnaissance va à Alexandre Choulguine, qui dans des circonstances difficiles après la seconde guerre mondiale, a su créer un service ukrainien, ce qui a permis à de nombreuses personnes (dont mes parents), de recevoir la carte avec la mention de « réfugié ukrainien» alors que ce ne fut pas le cas pour les ukrainiens entre les deux guerres.

 

                                                                                                                            Bogdan   MYTROWYTCH

 

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